Introduction

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Cette année, notre rubrique réunit deux articles en forme de bilan : le premier revient sur ce qui aura constitué, pour l’action internationale de la France, une crise majeure pendant la plupart de l’année 2011 ; le second, à l’approche de l’élection présidentielle d’avril-mai 2012, tente une évaluation de l’ensemble de la politique étrangère du quinquennat.

Dans sa contribution, Jolyon Howorth, professeur à Yale et spécialiste des questions de sécurité et de défense européennes, bien connu des lecteurs de l’Annuaire, revient sur la récente crise libyenne en s’intéressant aux origines de l’intervention occidentale, à son déroulement et aux conséquences de cette intervention dans ce qu’il nomme à juste titre l’« étranger proche » de l’Union. Il met en évidence le rôle d’entraînement qu’aura eu la France sous l’impulsion du président Nicolas Sarkozy, ainsi que l’importance de la dynamique franco-britannique. Il analyse également les tenants et les aboutissants de l’attitude des Etats-Unis, caractérisée par le désormais fameux « leadership from behind ». La combinaison de ces deux éléments – le rôle en pointe de la France et de la Grande-Bretagne et la participation décisive mais de second rang des Etats-Unis – constitue indéniablement un fait majeur dans l’histoire de la relation euro-atlantique. Toutefois, l’auteur, à juste titre à nos yeux, reste prudent quant aux leçons à tirer de cet épisode. L’Europe de la défense, du fait des divisions et du manque de moyens que la crise libyenne a révélés, reste une ambition lointaine, cela, alors même que les fondamentaux de la relation transatlantique sont remis en question par l’évidente révision à la baisse de l’implication des Etats-Unis dans la sécurité européenne « élargie ».

Guillaume Berlat dresse ensuite un bilan de cinq ans d’action internationale du président Sarkozy. Cet ancien ambassadeur distingue pour ce faire deux niveaux d’action, la diplomatie et la politique étrangère, qui correspondraient, dans le domaine militaire, le premier à la tactique et le second à la stratégie. L’auteur estime que, s’agissant de diplomatie, les qualités de Nicolas Sarkozy, en particulier sa ténacité et sa réactivité, l’ont au bout du compte emporté sur les maladresses et les improvisations. Pour autant, la vision stratégique et le dessein d’ensemble lui ont fait défaut : réelles ou en trompe-l’œil, les ruptures de politique étrangère du début du quinquennat ont été pour la plupart éphémères et se sont conclues par un « retour aux fondamentaux » incarné par Alain Juppé. Faute d’avoir clairement articulé les deux niveaux, tactique et stratégique, de son action internationale, Nicolas Sarkozy laissera dans ce domaine un bilan marqué par la confusion, en dépit de succès diplomatiques indéniables mais sans suite.