– Résumé L’économie politique internationale (EPI) soulève en France un intérêt croissant. Ce champ de recherche né aux États-Unis au début des années soixante-dix est resté, jusque très récemment, une spécialité anglo-saxonne. Du moins, l’EPI telle qu’on la parle dans les départements de relations internationales américains ou britanniques. Car, si relève de l’EPI toute tentative d’appréhender l’économie internationale (ou mondiale) dans des termes autres que ceux de l’économiste « standard » – et c’est bien la tendance qui se dessine – alors la France possède une réelle tradition, notamment d’inspiration marxiste, mais pas seulement (que l’on pense par exemple à un auteur comme François Perroux). Les économistes et sociologues français s’inspirant à un degré ou à un autre du marxisme occupent d’ailleurs une place non négligeable dans les sommaires et les bibliographies de certaines publications académiques spécialisées, telle la Review of International Political Economy publiée au Royaume-Uni depuis 1994. Mais cette mouvance demeure relativement marginale et consiste, pour une bonne part, à « recycler » des analyses para-marxistes au fond assez peu originales. L’EPI institutionnellement reconnue, celle qui occupe une place croissante dans les congrès et les revues de relations internationales et de science politique, avec ses thématiques, ses débats, ses auteurs incontournables, est encore très peu pratiquée (encore moins enseignée) en France. L’ouvrage de Gérard Kébabdjian serait donc la première tentative en langue française pour « présenter cette discipline ». Il ne le fait cependant que de manière partielle, centrant son étude sur les théories dites des « régimes internationaux ». Or, ces travaux représentent essentiellement une tentative pour penser la coopération entre États dans le cadre de la méthode du « choix rationnel » (section I). Nés dans les départements de science politique, se référant explicitement aux grands courants des théories des relations internationales, ils donnent pourtant de l’ordre international une vision dans laquelle le politiste se reconnaît difficilement (section II). Nous chercherons à montrer que les approches en termes de régimes se révèlent finalement assez pauvres et d’un faible intérêt pour qui entend penser politiquement l’ordre économique mondial (section III). – Le sommaire de l’AFRI 2000