La notion britannique de defense diplomacy, importée sous la traduction de « diplomatie de défense », fait florès depuis les années 1990. Pourtant elle a toujours manqué de substrat théorique. Associée à la notion de soft power, elle est souvent décrite comme l’usage non violent de la force militaire. Cependant, comme son essor est concomitant de la multiplication des engagements armés auxquels participe notre pays, ses contours sont brouillés. En outre, faute d’une doctrine claire, d’un cadre d’analyse et d’un bilan même partiel de ses résultats, la diplomatie de défense française ne peut s’appréhender que dans des cas concrets. Il est d’ailleurs impossible de l’évaluer globalement tant ses objectifs sont dispersés et faute de critères d’appréciation pertinents. C’est une politique qui s’identifie aux efforts déployés, aux moyens mis en œuvre et aux objectifs disparates obtenus ou non. En d’autres termes, si la diplomatie de défense française, particulièrement active et bien rodée, est un outil remarquable de mise en œuvre d’une politique, elle ne peut prétendre se substituer à la politique qu’elle est censée incarner.