Après une année d’effervescence provoquée par les élections présidentielles et législatives, la France devait pleinement assumer ses responsabilités dans la construction européenne en 2008.
L’adoption d’un nouveau traité, signé à Lisbonne le 13 décembre 2007 et destiné à améliorer le système institutionnel et normatif de l’Union européenne et à rationaliser les mécanismes existants, exigeait de la France une grande discipline après l’échec qu’elle avait fait subir à la Constitution européenne le 29 mai 2005. En dépit de quelques résistances imputables à des eurosceptiques de tous bords, l’Assemblée nationale et le Sénat votèrent à une large majorité l’autorisation de ratifier le Traité de Lisbonne les 7 et 18 février 2008, après que la Constitution française fut modifiée par le Parlement réuni en Congrès le 4 février 2008, pour rendre compatible le nouveau traité avec celle-ci.
On n’aurait pas compris qu’il en fût autrement, la France étant appelée à exercer la présidence du Conseil de l’Union européenne et du Conseil européen, autrement dit la présidence de l’Union européenne au cours du second semestre 2008.
La présidence française était d’autant plus attendue qu’elle devait dénouer des problèmes sensibles et impulser de nouvelles actions dans des domaines tels que l’environnement, l’énergie et l’immigration. Les événements de l’année 2008 la conduisirent à traiter de questions imprévues, d’une ampleur telle qu’elles furent assimilées à de véritables crises.
La première crise fut provoquée par le rejet du Traité de Lisbonne par l’Irlande, le peuple irlandais s’étant exprimé en ce sens par référendum à une majorité de plus de 53 % le 12 juin 2008. Il convenait dès lors de réagir vite et de trouver une solution pour sortir de cette impasse, ce qui fut fait lors du Conseil européen des 11 et 12 décembre 2008 présidé par Nicolas Sarkozy, au prix de quelques concessions accordées à l’Irlande[[Cf. l’article de Sylvie Goulard dans cette rubrique.]] .
La deuxième crise fut liée à l’entrée des troupes russes en Ossétie du Sud le 8 août 2008. La mission de médiation entreprise par le Président français entre la Russie et la Géorgie a conduit à la cessation des combats et à un accord provisoire entre les protagonistes, entériné par le Conseil européen extraordinaire du 1er septembre 2008. Le rôle ainsi joué par la France est à mettre à l’actif du Président français, qui s’est appliqué à maintenir des relations privilégiées avec les Etats d’Europe centrale dès son élection en mai 2007[[Cf. l’article de Stanislaw Parzymies dans cette rubrique.]] .
La troisième crise a été déclenchée le 15 septembre 2008 par la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Face à une crise financière mondiale, la France devait inciter ses partenaires à coordonner leur action et organiser des rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro avec d’autres Etats européens, le président de la Banque centrale européenne et le président de la Commission.
Dans ces circonstances, la présidence française a été avant tout perçue comme une présidence de crises, à laquelle Nicolas Sarkozy a insufflé dynamisme et énergie. Indéniablement « brillante », cette présidence sera l’objet de multiples controverses.