La nouvelle Libye est confrontée à une dégradation croissante de sa sécuritaire intérieure. Les tiraillements entre partisans de la centralisation et ceux du fédéralisme, entre groupes militarisés rivaux, entre communautés et tribus ou entre milices islamistes continuent de miner la légitimité du nouveau gouvernement et de perpétuer le processus de polarisation d’un paysage politique multicentré, dont les lieux périphériques se considèrent eux-mêmes comme des centres. En dépit de toutes les tentatives de Tripoli pour instaurer un ordre centralisé, la faiblesse de l’Etat et des forces de sécurité compromet la dissolution des groupes armés encore insoumis et l’intégration véritable de ceux qui ont été placés sous son contrôle. En démantelant les milices régionales tout en louant leurs services pour assurer la sécurité publique, l’Etat favorise l’avènement d’un système de seigneurs de guerre et cède une partie de son autorité aux milices locales et aux intermédiaires tribaux. Les structures militarisées, enracinées au cœur de l’Etat, risquent de compromettre définitivement la mise en place de véritables institutions étatiques et de rendre l’Etat captif de contre-pouvoirs à la légalité discutable.