Depuis la fin de la Guerre froide, des réformes institutionnelles et administratives ont donné corps en France à une véritable politique publique de renseignement, déduite en partie de celle de la sécurité et de la défense nationale. Elle a progressivement été confortée comme outil de l’indépendance nationale dans la gestion des crises intérieures et extérieures, en particulier depuis 2007. Ses pratiques publiques et privées s’adossent désormais à un cadre juridique et institutionnel qui n’a cessé d’évoluer depuis vingt ans. Si le refus d’institutionnaliser le domaine des activités secrètes dans l’Etat a été tardif en France sous la V e République, la création d’une délégation parlementaire au renseignement en 2007, du Coordonnateur du renseignement et du Conseil national du renseignement en 2008 marque un tournant qui opère un changement, non de nature mais de fonction du renseignement, au plus haut des institutions.