Depuis les années 2000, la montée en puissance des pays émergents – plus particulièrement de la Chine, des pays d’Asie orientale et des BRICS – a modifié les rapports de force au sein du système de gouvernance économique mondiale. Dans un monde de plus en plus multipolaire, les politiques extérieures des principaux pays émergents visent davantage à légitimer leur statut de puissances régionales qu’à promouvoir un multilatéralisme véritablement démocratique. Ce faisant, le basculement du monde met le multilatéralisme à l’épreuve. Bien que les pays émergents aient revendiqué plus de place dans les organisations économiques internationales, nombre de leurs demandes n’ont pas été entendues par les puissances traditionnelles occidentales, ce qui les a incités à lancer leurs propres initiatives. Il en résulte une fragmentation croissante des règles financières et commerciales internationales qui rend plus complexes les conditions politiques pour réguler efficacement le système international. Bien que les pays émergents aient contribué à remettre en cause la légitimité de l’architecture existante de la gouvernance économique mondiale, ils n’ont jusqu’ici pas réussi à en modifier la nature, ni à le rendre plus cohérent.