Introduction. La diplomatie française peut-elle encore se réformer ?

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Les deux articles de cette rubrique, consacrés, le premier à la politique africaine, le second à la réforme du réseau culturel français, concernent deux secteurs emblématiques de l’action extérieure de la France. Ils ont la particularité d’avoir été écrits par deux acteurs de terrain : Yves Gounin a observé depuis le poste de conseiller juridique du Président de la République du Sénégal la politique africaine de la France ; N*** est un haut-fonctionnaire de l’action culturelle, à laquelle il a consacré une longue carrière, en poste et à l’administration centrale. Dans ces deux domaines, le changement s’impose. Les contradictions et l’archaïsme de la relation entre la France et l’Afrique ont été reconnus de tous côtés, y compris par Nicolas Sarkozy, qui a annoncé la « rupture » [[Le 27 août 2008, devant la XVIe Conférence des ambassadeurs.]] dans ce domaine comme dans d’autres. Bernard Kouchner, son premier ministre des Affaires étrangères, a de son côté entrepris en 2009 de réformer la diplomatie culturelle. L’intérêt des deux contributions qui suivent est d’apporter des témoignages vécus des limites de ces deux ambitions : limites inhérentes aux pesanteurs et à l’histoire des relations de la France avec l’Afrique, qui font légitimement hésiter le premier article sur l’orientation à donner à une transformation pourtant nécessaire ; chronique d’une réforme coincée entre une ambition ministérielle sans doute sincère mais velléitaire d’un côté, les résistances bureaucratiques et le sous-financement de l’autre. Ces deux analyses, menées avec réserve par deux hauts-fonctionnaires pondérés, font néanmoins s’interroger le lecteur sur la capacité de réforme de la diplomatie française sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy.