– Résumé Les théories économiques n’ont pas toutes accordé la même importance à l’analyse des relations internationales, que celles-ci soient économiques, politiques, diplomatiques et surtout militaires. Historiquement, c’est par les jeux de pouvoir que les premiers économistes ont expliqué les rapports internationaux ; dans cette perspective, l’économie était considérée comme inféodée aux objectifs de puissance des États, un instrument au service de la politique. Mais au fur et à mesure que les économistes ont cherché à rendre leur discipline plus scientifique, ils ont eu tendance à réduire le champ des relations internationales aux seuls échanges commerciaux et financiers, rejetant ainsi tout rapport de pouvoir hors du domaine d’étude d’une économie supposée a-conflictuelle et fondée sur des hypothèses de comportement éloignées des pratiques nationales sur la scène extérieure. L’économiste n’avait ainsi pas à se préoccuper de politique, mais seulement à démontrer la supériorité du libre-échange international et du libre jeu des mécanismes économiques du marché afin d’atteindre la situation économique optimale. Plusieurs aménagements ont certes été apportés à ces hypothèses pour le moins réductrices, notamment à travers l’analyse des politiques commerciales protectionnistes ou celle des rapports entre la force militaire et le développement économique national. Mais l’analyse centrale restait néanmoins fondée sur le principe de la « subsidiarité » du rôle de l’État dans la vie économique et sur le caractère normatif de l’optimalité économique des marchés. On a ainsi parlé d’économie appliquée, laquelle affadissait les résultats supposés idéaux de l’économie pure. Cette divergence fondamentale et originelle entre ces deux conceptions irréductibles de l’économie recoupe la séparation entre une économie politique originaire (et parfois décriée comme non scientifique par les économistes néoclassiques) et une économique apolitique (souvent désignée par le concept de science économique), dont l’essor date d’un siècle à peine. Or, les divergences d’analyse des relations internationales sont un point central de l’antagonisme entre ces deux types d’analyse économique. – Le sommaire de l’AFRI 2000