– Résumé La puissance d’une nation est une catégorie de nos perceptions. Énoncer que les États-Unis sont une superpuissance, évoquer la légitime volonté de puissance de la France, ou affirmer que le Royaume-Uni reste une puissance internationale donne à chacun l’impression de comprendre de quoi il est question. Cette communication sur le thème de la puissance se passe parfaitement du préalable d’une définition. Les difficultés commencent si nous essayons de transcrire cette perception spontanée de la puissance en concept théorique clair et, si possible, opérationnel. Au travers de ses controverses, la littérature des relations internationales témoigne amplement des difficultés de l’entreprise de transcription. La redéfinition des attributs de la puissance y est permanente. À l’heure de la mondialisation économique, des interventions militaires multinationales et de la communication planétaire de masse, les identités nationales semblent menacées et les appareils d’État sont en quête de nouvelles légitimités. Dans ce contexte, la volonté de puissance semble devenir hésitante, sinon sur sa fin du moins sur ses moyens. Cette situation a suscité, chez les spécialistes des relations internationales, un renouveau de l’activité doctrinale sur ce que sont, ou ce que ne sont plus, les leviers de la puissance et sur la bonne façon d’en jouer, ou de n’en pas jouer. Les analyses produites dans le cadre de cette méthodologie traditionnelle, s’efforçant au discernement quant à la substance même de la puissance des nations, sous-tendues par des préoccupations à la fois positives et normatives, ont souvent d’évidents mérites scientifiques. La réflexion sur les structures de la puissance des nations que nous allons présenter sera cependant d’essence bien différente. En effet, notre propos est de montrer que, à côté de la méthodologie traditionnelle d’analyse de la puissance des nations, il y a place pour une nouvelle approche, plus quantitative, qui pourrait en constituer un très utile complément. – Le sommaire de l’AFRI 2000