Chronique d’une tourmente électorale annoncée : 13 juin 1999 – Les élections européennes en France

Partager sur :

Résumé Il est des échéances dont on connaît les caractéristiques inéluctables mais qui, malgré tout, étonnent encore. Les élections européennes en font partie en apportant régulièrement leur lot de surprises. Celles de 1999 interviennent dans un contexte singulièrement perturbé. À l’échelon de l’Europe, la négociation d’Amsterdam avait accouché d’une souris et prolongé le fameux « déficit démocratique » des institutions européennes, en confirmant la frilosité des Quinze face aux candidatures des pays d’Europe de l’Est. La crise, puis la démission de la Commission européenne sont venues, en mars 1999, attester des dysfonctionnements depuis longtemps relevés par les eurosceptiques. Surtout, la crise du Kosovo, en atteignant son paroxysme au printemps 1999, a démontré la vanité des prétentions communautaires en matière de défense. Face à de telles insuffisances, les élections pour le Parlement européen pouvaient fournir aux électeurs l’occasion de manifester, soit une indifférence méprisante, soit une volonté de renforcement de l’Union. Mais ces élections, comme les autres, restent aux mains d’acteurs nationaux, de listes de candidats élaborées à l’intérieur des frontières de chaque État membre. Et, comme à l’habitude, l’élection est appropriée par ces acteurs qui en font autant d’usages que ceux que justifient leurs intérêts. En France, comme ailleurs, l’élection européenne a donc été utilisée à d’autres fins que les objectifs pro ou anti-européens. Le contexte national a ainsi fortement influé sur la consultation. Les raisons ne manquaient pas. La droite parlementaire voulait effacer l’échec de la dissolution de 1997 en montrant sa capacité à dépasser ses querelles internes, notamment celles qui opposent partisans et adversaires d’une intégration européenne poursuivie. La gauche, mettant à profit l’embellie économique qui a accompagné son retour au pouvoir, espérait engranger les bénéfices d’une cohabitation somme toute harmonieuse entre le président de la République et le Premier ministre, et occuper l’espace politique central hors duquel les consensus estimés nécessaires sont impossibles. Les consultations précédentes (élections législatives de 1997 et élections régionales de 1998) laissaient enfin espérer aux extrémistes de tous bords une progression significative vers leurs objectifs déstabilisateurs du régime. L’élection européenne en France va ainsi, une fois de plus, démontrer son caractère d’élection prétexte. – Le sommaire de l’AFRI 2000