La Chine se présente comme pionnière d’un modèle de contrôle de l’Internet basé sur le principe de la cybersouveraineté, modèle qu’elle défend sur la scène internationale. Cet article décrit deux facettes du modèle chinois de contrôle de l’information : la censure au sein du territoire national et la stratégie d’influence à l’international. Il souligne la complexité des mécanismes à l’œuvre, à travers les interactions entre différentes strates de l’administration chinoise et les géants chinois du numérique et en résonance avec les normes sociales qui structurent la société chinoise. Il apparaît que le concept de cybersouveraineté doit être compris avec des nuances, car, même pour ses promoteurs les plus ardents, il reste subordonné à une défense très pragmatique des intérêts du parti au pouvoir sur la scène internationale et tend à voiler la complexité des dynamiques qui forgent le contrôle de l’Internet au sein même de la société chinoise et qui en font un modèle difficilement réplicable.