– Résumé Depuis la fin de la guerre froide, le problème des interventions militaires extérieures a été, dans la plupart des pays occidentaux, au cœur de débats majeurs et de décisions (et de non-décisions) difficiles, notamment à propos de la Somalie, de l’ex-Yougoslavie, du Rwanda, du Zaïre, du Kosovo ou encore de la Sierra Leone. Les débats ce sont multipliés sur ce que les citoyens et les dirigeants politiques et militaires sont en droit d’attendre des interventions, sur leur opportunité, sur les rapports entre les coûts, en hommes et en richesses, qu’elles imposent et les hypothétiques bénéfices qu’elles sont censées apporter, sur l’identité même des bénéficiaires supposés. Pour qu’une action publique devienne concevable, il faut que certaines situations soient perçues comme le résultat d’actions humaines et que l’on croit possible de changer ces situations par une intervention humaine. Au cours de ce processus, les acteurs ont recours à des récits de causalité, des arguments qui décrivent la situation, lient cette situation à des causes et proposent des mesures pour résoudre le problème. L’objectif du présent chapitre est d’identifier l’un des cadres d’interprétation classique et fréquemment utilisé dans les affrontements sur les interventions et les non-interventions, celui du paradigme réaliste, un programme de recherche central dans l’étude des relations internationales. Après avoir défini la notion d’intervention, l’article rappelle les principaux arguments développés par Albert Hirschman dans Deux siècles de rhétorique réactionnaire pour identifier un cadre interprétatif à plusieurs types d’actions publiques. Il s’agit de montrer ensuite comment les réalistes ont utilisés les arguments de la perversité, de l’inanité et de la mise en péril à propos des interventions des années 30 aux années 1990. – Le sommaire de l’AFRI 2001