Rien ne sera plus comme avant
1- L’Amérique au temps du coronavirus

Partager sur :

Ouvrage écrit par Jean-Eric Branaa, paru en avril 2020 aux éditions VA Press (202 pages). 

Le livre ouvre sur l’apparition de l’épidémie en Chine. Début 2020, la nouvelle passe presque inaperçue : à Wuhan, ville du centre de la Chine continentale de 11 millions d’habitants, un mystérieux virus a fait un troisième mort. On est le 20 janvier. Pourtant, personne n’est alarmiste. Les autorités sanitaires chinoises jugent que le risque de transmission du virus entre humains est « faible ».

Très vite la nouvelle se répand dans le monde mais bien peu nombreux sont ceux qui y prêtent attention, tant le monde est compliqué et occupé à autre chose. Aux États-Unis, on est concentré sur le procès du président Trump et sur la campagne des primaires qui commence.  Pourtant, les autorités sanitaires US réagissent vite car, dans ce pays, on ne plaisante pas avec les microbes : ce lundi 20 janvier, la police des frontières filtre déjà les vols en provenance de Chine, notamment à San Francisco et à l’aéroport Kennedy de New York et mettent en place des contrôles de température à l’entrée du pays.

Pour le grand public, pourtant, l’épidémie naissante en Chine n’est pas encore un sujet et Donald Trump est très loin des considérations sanitaires ou médicales lorsqu’il prend la parole à Davos, vantant ses succès économiques, décrivant ses succès à grand renfort de statistiques plus flatteuses les unes que les autres et fier d’être à la tête d’un pays dont l’économie « gagne comme jamais ».

Le président Trump ne croit pas qu’il y a un sujet avec cette épidémie lointaine et le fait savoir à ses supporters : « C’est une intox », explique-t-il, persuadé qu’il s’agit d’une nouvelle manœuvre contre lui. La campagne des primaires bat son plein et la question de la réforme de la couverture santé est le sujet qui intéresse le plus les Américains.

Très vite, l’épidémie prend de l’importance et devient une pandémie. Les chiffres deviennent inquiétants, puis alarmants, alors que le mystérieux virus se propage sur toute la planète. Iran, Italie, France, Espagne, les dirigeants de tous les pays sont débordés, un par un, et l’inquiétude commence à monter aussi parmi les Américains. Donald Trump martèle alors un message unique : « Ne vous inquiétez pas ! ». Mais cela ne tient plus. La peur emporte tout et Donald Trump change de stratégie : il ferme les frontières et déclare l’état d’urgence. Pourtant, il ne va pas au bout de sa démarche et ne met pas le pays en quarantaine générale, en dépit des demandes pressantes des gouverneurs, qu’il oblige donc à agir à sa place. La peur s’est installée dans le pays et les perspectives d’avenir sont inquiétantes : le système de santé va-t-il être à la hauteur ? L’économie va-t-elle résister ? Comment le pays va-t-il s’en sortir ? Et Trump semble guidé par une seule question : va-t-il être réélu ?

On commence alors à entrevoir que la Covid-19 n’aura pas que des conséquences sanitaires : toute la société américaine pourrait s’en trouver changée, finalement…