« À ceux qui se demandent avec angoisse quand et comment nous allons céder à la guerre, je voudrais dire que rien, à aucun moment, au sein de ce Conseil de sécurité ne sera le fait de la précipitation, de l’incompréhension, de la suspicion ou de la peur ». Lorsque le 14 février 2003, Dominique de Villepin prend la parole et prononce ce discours qui reste gravé dans les annales du Conseil de sécurité, l’enjeu est d’importance. La relation bilatérale entre la France et les États-Unis traverse une crise sans précédent depuis la décision du général de Gaulle de se retirer du commandement intégré de l’OTAN.
Largement commentée en 2002-2003, la crise en Iraq fait l’objet depuis quelques années d’un intérêt renouvelé de la part des chercheurs. De nombreux ouvrages se sont intéressés à cette crise sous un angle politique ou historique. Peu l’ont fait sous un angle juridique, préférant s’intéresser à l’occupation de l’Iraq par les États-Unis. Le droit international a pourtant été au cœur des travaux du Conseil de sécurité. Se pose donc la question de savoir dans quelle mesure la France a adopté une posture conforme au droit international. Selon Jean-Marc de la Sablière, « la position de la France est fondée sur des principes et l’analyse de la situation ».
La France a joué un large rôle dans la formalisation du droit applicable à l’Iraq : c’est principalement entre la France et les États-Unis que la négociation de la Résolution 1441 (2002) a été menée et c’est également entre ces deux États que l’opposition au recours à la force s’est cristallisée.