Le continent africain connaît depuis la fin des années 2000 une véritable révolution de son paysage financier. La mise en place de systèmes de paiement par téléphone mobile a eu pour conséquence que des centaines de millions d’Africains auparavant coupés de tout services financiers sont à présent capables de réaliser des paiements électroniques instantanés à bas coût. Les acteurs àl’origine de cette révolution sont principalement des entreprises comme M-Pesa, Orange Money ou MTN, soit des filiales d’opérateurs de téléphonie mobile qui grâce à l’argent mobile sont entrés comme par effraction parmi les acteurs financiers les plus importants du continent africain. Le pouvoir déstabilisateur des acteurs financiers dans les relations internationales et la difficulté qu’ont les Etats les plus puissants de la planète à les contrôler poussent à s’interroger sur les conséquences de l’émergence d’un nouveau venu dont le domaine d’expertise demeure les télécommunications. Ces plateformes d’argent mobile ont pourtant réussi à diffuser dans toute l’Afrique des services financiers de plus en plus complexes. La présente étude vise donc à déterminer si ce souffle nouveau qu’elles donnent aux objectifs d’inclusion financière du continent africain se fait au prix d’une déstabilisation accrue du paysage financier africain, et plus largement à questionner leur intégration parmi les acteurs à part entière des relations internationales.