Depuis l’automne 2009, la zone euro est confrontée à une crise de sa dette souveraine. Les graves difficultés des finances publiques grecques ont provoqué une crise de confiance des marchés qui s’est étendue à l’Irlande en 2010, puis au Portugal en 2011 et s’est manifestée par une hausse considérable des taux d’intérêt appliqués aux nouveaux financements sollicités par ces États, les marchés craignant un défaut de remboursement des plus endettés. Cette crise a révélé les fragilités structurelles de la zone euro : des mutations invisibles de l’environnement économique non prises en compte, des vices cachés de sa conception et des petits arrangements entre États membres pour contourner les règles de discipline budgétaire au cours des années 2000. Face à cette situation, les États membres n’ont pas su anticiper la contagion à l’ensemble de la zone, ont multiplié les réactions tardives et insuffisantes, mettant en évidence les désaccords entre la France et l’Allemagne et un déficit de solidarité qui a accentué la défiance des marchés et provoqué un débat sur le rôle de la Banque centrale européenne, l’avenir de l’Union monétaire et, au-delà, sur les limites du projet européen.