Jusqu’à très récemment, Allemands et Européens étaient convaincus de vivre dans un environnement paisible, plutôt à l’abri des crises et des risques géopolitiques. La crise avec la Russie à propos de l’Ukraine, qui a débuté au printemps 2014, a prouvé qu’un tel optimisme n’était plus de mise. Qui plus est, des conflits qui ont éclaté dans leur voisinage immédiat affectent l’Allemagne et les pays européens plus directement qu’auparavant, mettant à l’épreuve les relations entre Etats membres et la cohésion au sein de l’Union. Dans la situation géopolitique actuelle, la gestion des crises est devenue le « nouveau quotidien », ce qui a modifié à la fois la perception que le gouvernement allemand a de son propre rôle et les relations entre Berlin et ses partenaires : l’Allemagne est trop fortement interconnectée pour pouvoir se tenir à l’écart des politiques régionales de sécurité et des affaires globales ; ses partenaires attendent d’elle qu’elle s’engage davantage en Europe et plus généralement sur l’échiquier international. En réponse à ces évolutions, le gouvernement allemand entreprend des efforts sans précédent pour redéfinir son rôle et assumer une posture plus active dans les relations internationales. Si l’Allemagne ne va pas s’ériger en puissance militaire ou agir de manière unilatérale, elle a sans aucun doute commencé à formuler, au cours des deux dernières années, une nouvelle orientation pour sa politique extérieure.